Ronces reprend ses quartiers à Berny-Rivière dans la région des Hauts-de-France. Cette année, nous avons travaillé autour de la notion de refuge, qui dans son sens premier est un lieu, un «endroit où un être peut se mettre à l’abri, ou ce à quoi on a recours dans une situation ou un moment difficile, dont on attend une aide, un réconfort.»
Nous distinguons trois types de refuges: naturels – si l’on pense aux biotopes, aux différents habitats, ou aux réserves – culturels, comme une habitation, une institution, un état, une nation et finalement imaginaires - qu’ils soient individuels ou collectifs. On peut trouver asile dans la nostalgie, les rituels, ou s’échapper dans des mondes virtuels.
Le refuge est un lieu de protection pour soi, mais il peut aussi offrir l'hospitalité à d'autres. À l'inverse, il peut exister en opposition à ce qui est vu comme un danger, être un espace de survie qui exclut l’altérité.
Aujourd’hui et comme le souligne l’anthropologue Anna Tsing, citée par Donna Harraway, les lieux de refuge se raréfient, «l’holocène fut la longue période où […] les lieux de refuge en général, existaient encore, et même proliféraient, afin de soutenir le renouvellement du monde dans sa riche diversité culturelle et biologique. Peut-être que l’outrage méritant un nom comme Anthropocène est la destruction des lieux et des temps de refuge pour les peuples humains et autres créatures.»
En détruisant les refuges des plus vulnérables et des non-humains nous avons engendré un monde qui ne supporte plus nos activités. Reste-t-il des havres de paix à l’heure du réchauffement climatique et des pandémies mondiales? Pourra-t-on trouver de nouveaux modèles de cohabitations et d’existence pour pérenniser la vie? Le refuge comme sanctuaire, le refuge comme exil? Une protection provisoire ou permanente? Un refuge pour les uns, un danger pour les autres? Un refuge naturel, un refuge façonné? Extraire ou ne pas creuser?
L’histoire de la zone de Berny-Rivière nous offre différentes pistes de réflexion autour de cette problématique: lors de la première guerre mondiale, à partir de la bataille de Confrécourt, les soldats y ont creusé des tranchées, repères temporaires sur le front, les carrières de pierres nombreuses dans la région, leur ont servi de zone de retrait, de logement provisoire. De nos jours, le paysage local se compose de champs d’agriculture industrielle où ne subsistent aucune vie dans le sol, aucun arbre pour que les oiseaux y fassent étape.
Lors de cette édition nous avons travaillé autour de cette thématique dans ces différentes acceptions et nous sommes attelés à la création d’un refuge In Situ en argile locale. Nous avons travaillé dans et avec la terre pour donner forme à un nouvel abri, nourri par les approches des différents participants de cette édition 2021.